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CONDUITE CONFORME AU DHARMA
26 règles énoncées par Sa Sainteté Gyalwang Drukpa, retranscrites dans leur version tibétaine sur la page de gauche, accompagnées de leur traduction francaise sur la page de droite. Avec l'accord Drubpön Pagsam Yongdu Ngawang Tenzin, l'intégralité du texte en francais est repris ci-après dans son intégralité, afin de permettre son accessibilité à tous ceux qui le souhaitent.
Conduite conforme au Dharma
Par Sa Sainteté le 12ème Gyalwang Drukpa
Notre ami du Dharma, le lama Drukpa Ngawang a demandé avec insistance que soit établie une règle de conduite pour les centres du Dharma du Glorieux Drukpa. En réponse à sa requête, le 12ème Gyalwang Drukpa a composé ce texte avec le recours à ses souvenirs, le 15 septembre 2000.
1 – Nous devons abandonner complètement de nuire à autrui par nos actes et aussi par les intentions nuisibles qui en sont le fondement. Ceci est la pratique des Auditeurs (Shravakas) et des Bouddhas solitaires (Pratyeka-bouddhas). C’est donc la base de tous les véhicules.
2 - Nous devons nous entraîner continuellement à aider autrui et centrer notre pratique uniquement sur l’altruisme, le précieux Esprit d’Eveil. Ceci est la pratique générale du Grand Véhicule. C’est une instruction indispensable pour intégrer dans la voie spirituelle toutes les pratiques du Dharma et pour éliminer toutes les illusions qui surgissent en chemin.
Concernant ces deux premières observances, il est très important pour nous tous, adhérents à la pratique du Dharma, hommes et femmes de tout âge, de ne pas nous laisser distraire, grâce à l’aiguillon du rappel et de la vigilance, dans des projets de vie inutiles, fondés sur des ambitions uniquement égoïstes et de nous appliquer à atteindre le but ultime et permanent, celui qui est assurément plein de sens, par nos intentions et nos actes parfaitement purs, motivés par l’altruisme.
3 – Nous devons avoir l’habileté de garder des relations amicales et respectueuses, respect accordé en connaissance de cause, avec les maîtres spirituels qui nous instruisent dans la manière de donner un sens à notre vie humaine et avec les amis, hommes et femmes, ordonnés et laïcs, qui sont en affinité avec nos pratiques du Dharma.
Ceci concerne particulièrement nos relations avec le glorieux Lama, Détenteur-de-la-Connaissance (Vidyadhara), car il nous introduit à la nature de l’esprit, dans le cadre des niveaux ordinaires et spéciaux du Vajrayana, au moyen des initiations qui nous amènent à maturité et des instructions qui nous libèrent. Bien qu’il se présente à nous sous une forme humaine, il est en fait l’Eveillé-et-Purifié (le Bouddha), celui dont la nature est le Dharmakaya qui s’élève en un corps formel dans le but de nous guider. Ce faisant, il est supérieur à tout autre Bouddha ou Bodhisattva, car il a la bonté de nous enseigner les points essentiels de la conduite éthique : ce que nous devons mettre en pratique et ce que nous devons abandonner.
Ainsi le point le plus important à prendre pour axe central de toutes les pratiques du Vajrayana est de s’exercer à accomplir correctement les trois sortes de services qui le réjouissent, avec une confiance totale, confiance issue d’une réflexion fondée sur la connaissance des écritures et le raisonnement.
4 - Les pratiquants et pratiquantes du Dharma résidant en permanence dans ce centre doivent faire leur possible pour suivre sans interruption les pratiques spirituelles faites en commun, telles que les sessions quotidiennes du matin et du soir ainsi que les rituels et pratiques vertueuses, les jeûnes et demi-jeûnes effectués le 8ème, 15ème et 30ème jours du mois (selon le calendrier lunaire tibétain).
5 – Ils doivent notamment s’exercer aux deux pratiques d’offrandes de Ganachakra :
- L’offrande faite au Lama, le matin du 10ème jour du mois, selon un texte de pratique de leur choix
- L’offrande faite aux Dakinis, le soir du 25ème jour du mois.
6 – En commençant par l’entraînement du mental (la pratique du Lodjong) et tout particulièrement les préliminaires communs que sont les quatre pensées qui détournent l’esprit du samsara, ils doivent consacrer leur vie à effectuer toutes les phases d’accumulation et de purification, jusqu’à obtenir la réalisation de la pensée éveillée du Bouddha. Ils doivent s’efforcer ainsi avec une persévérance constante, car ce serait se méprendre que de considérer qu’une simple accumulation de quelques 400000 mantra est suffisante.
7 – Entre eux, les pratiquants du Dharma doivent vivre dans une harmonie sincère et doivent établir des relations aussi profondes que possible, basées sur l’aide et le soutien réciproque. Ils doivent donc s’efforcer d’abandonner toutes formes d’attitudes négatives : les mauvaises intentions et les conduites physiques et verbales agressives, comme par exemple celle d’inventorier les défauts cachés d’autrui et de les exposer sur la place publique.
8 – Puisque les bavardages futiles, qui prolifèrent tant et plus, sont à la racine de toutes les fautes, il est essentiel, lorsqu’on se retrouve en société, de rester vigilant et de continuellement contrôler sa parole.
9 – Si les relations d’amitié sont trop intimes, elles risquent d’attiser le feu de l’attachement et de l’aversion. C’est pourquoi il faut dès le début essayer d’établir des relations raisonnables : ni trop proches, ni trop distantes.
10 – Au commencement de toute activité, que ce soit une pratique du Dharma ou une activité profane, il faut tout d’abord examiner sa motivation. Et même lorsqu’on est arrivé à une motivation sans faille, il faut encore faire une investigation minutieuse pour bien s’assurer qu’il en découlera effectivement le bien d’autrui. Sinon, prudence ! Car agir impulsivement, comme un lapin qui détale, est le fait d’une intelligence chétive et balbutiante.
11 – Comme la vanité nous prive de notre bon sens en s’évertuant à mettre en avant les moindres petites qualités que l’on a, nous nous efforcerons de servir humblement le lama qui nous enseigne l’éthique et nos amis du Dharma.
Continuellement nous devons nous exercer à garder une attitude effacée, pleine d’admiration sincère pour les enseignements, les lamas, les amis du Dharma quels qu’ils soient, sans jamais nous vanter des infimes services que nous leur avons rendus.
12 – Ceux qui n’ont aucune qualité innée ou acquise, doivent sans se décourager faire tout leur possible pour accomplir les activités salutaires aux enseignements et aux autres, en obéissant aux ordres du lama. S’ils en sont capables, alors même si cela déplait à d’autres, c’est satisfaisant.
13 – En pensant à nos amis du Dharma qui ont de grandes qualités, nous devons nous réjouir pour eux, sans aucune jalousie et même si nous ne voulons pas faire réellement leur éloge, il est important de ne pas les dénigrer et de se taire.
14 – Nous devons examiner régulièrement nos propres défauts et nous appliquer à suivre une bonne éthique. Hormis cela, il ne faut jamais parler des défauts d’autrui, ni y penser, car de la moindre pensée jaillira un feu qui consumera notre conscience.
15 – Le sectarisme envers les différentes traditions spirituelles est cause de passions incontrôlables. On en vient à dénigrer autrui et à faire ses propres louanges. Ce comportement est très dangereux, car il peine les êtres purs et intègres et nous fait accumuler le karma d’abandonner le Dharma. Donc il faut couper court à ce genre de propos.
16 – Si d’autres personnes propagent des discours sectaires, sans toutefois les discréditer ni les soutenir, on s’en retourne chez soi et au mieux on se met à pratiquer, sinon il est de bon aloi de s’endormir dans un lit douillet.
17 – Il faut régulièrement faire un examen de soi-même et vivre selon le saint Dharma qui apaise, en suivant une conduite identique extérieurement et intérieurement. A part cela, il est important de ne pas être affecté un seul instant par des pensées relatives aux huit préoccupations mondaines[1], telles que la duperie, la dissimulation, le mensonge et la tricherie.
18 – Hormis ceux qui ont fait naître en eux l’Esprit d’Eveil, l’amour, la compassion et la réalisation véritable – pas seulement des mots – de la vue très profonde et qui ont reçu l’approbation et les félicitations d’un lama authentique, enseigner le Dharma et donner des instructions à tout va compromet notre progression spirituelle, trompe et embrouille les autres. Par conséquent, puisque cela fait beaucoup plus de mal que de bien, il ne faut pas fréquenter les imposteurs qui s’arrogent les titres de lama, maitre et enseignant du Dharma.
19 – En bref, quelle que soit notre pratique du Dharma, elle vise à aider notre esprit. Une pratique qui servirait à obtenir renom, gains et honneurs serait incontestablement une activité névrotique et conduirait à des existences malheureuses. C’est pourquoi le propre des pratiquants avisés est de savoir reconnaitre ces périls et de s’entrainer petit à petit à la discipline spirituelle.
20 – Les hommes et les femmes qui s’occupent du Centre doivent cumuler les services rendus de bon cœur et avec joie, en prenant pour arbitre la pureté inaltérable de leur motivation, de leur foi et leurs engagements.
21 – Dans les cas de difficultés, stress mental ou fatigue physique, on peut, en fonction de la situation présente, demander gentiment à prendre congé et s’en retourner chez soi pour un certain temps ou bien se retirer à l’écart pour prendre du repos.
22 – Ennuyer et mécontenter tout le monde en prétextant ne jamais s’encombrer du moindre désir égoïste et en faisant circuler des propos calomnieux parmi tous les amis du Dharma, ordonnés et laïcs de tout âge, fait empirer notre karma négatif. C’est pourquoi il faut faire de grands efforts pour renverser cette tendance.
23 – La viande, l’alcool, la cigarette, les drogues dures et douces, ingérées ou inhalées vont à l’encontre du Dharma. Ce sont de surcroit des épées qui mettent en pièce notre vitalité. C’est pourquoi ceux qui ont de l’estime personnelle s’appliqueront à les abandonner.
24 – Si on est incapable de les abandonner complètement, il faut faire de très grands efforts pour s’en abstenir absolument dans les lieux suivants : devant les autels contenant les trois sortes de supports sacrés, dans l’enceinte des monastères et des centres du Dharma et dans les lieux publics.
25 – Pour résumer, ceux qui portent les habits du renoncement doivent couper leur doutes sur les préceptes du Vinaya grâce à l’écoute et à la réflexion et doivent s’entraîner à abandonner tous les actes nuisibles à autrui, ainsi que les mauvaises intentions qui en sont le fondement.
Leur application à observer tous les aspects majeurs et mineurs de cet entrainement doit être inspiré par l’humilité et l’absence de tout orgueil. En aucun cas, ils ne doivent rechercher les grades et les honneurs.
26 – L’éthique que doivent suivre les laïcs est d’abandonner les dix actes non-vertueux et d’essayer de rester continuellement attentifs dans tous leurs comportements physiques, verbaux et mentaux, car il s’agit autant que possible de donner un sens véritable à cette si courte vie humaine.
En sus : Bien que démuni du discernement spirituel, j’ai toutefois abandonné les relents des huit préoccupations mondaines. C’est pourquoi, avec une excellente motivation conforme au Dharma, j’ai prodigué ces paroles qui seront bénéfiques à certains pratiquants.
Le Roi du Dharma Da-Eu Chenou (Gampopa) disait : Nombreux ceux qui ne sont que des reflets de pratiquants. Leurs blanches intentions s’alignent sur le pur Dharma. Mais les fourberies démoniaques des huit préoccupations mondaines les font chuter vers les enfers.
Puissent tous les chanceux qui ont accédé au Dharma vivre avec l’excellente motivation procédant du Dharma ! Lorsque les pensées incompatibles avec le Dharma auront disparu, puissent-ils voir la vérité du Dharma !
Victoire à tous !
Le 12ème Gyalwang Drukp
[1] Les huit préoccupations mondaines : bonheur et souffrance, gain et perte, louange et critique, célébrité et anonymat